Au cours de l’entretien (12 juin 2009, chez elle, à Paris), au moment où nous évoquions sa carrière au cinéma, Magali Noël rappelle que Boris Vian lui avait écrit une chanson qui figure dans la bande originale d’un film italien, È arrivata la Parigina. « Et ça faisait quoi, cette chanson ? » En guise de réponse, Magali nous dit : « Je vais vous la chanter... »
Je vérifie que le magnétophone tourne bien... 50 ans après, Magali Noël se souvient de toutes les paroles. D’une petite voix, elle chante ce très joli texte de Boris Vian, servi par une mélodie sublime d’Alain Goraguer. Une chanson vouée à être reprise aujourd’hui... puisqu’elle n’a jamais été enregistrée !
Pour bien faire, j’ai demandé à mon frère, René Bellaïche, lui-même auteur-compositeur-interprète, d’habiller très discrètement le chant de Magali de petites touches de guitare et d’y ajouter un peu d’écho.
Le résultat est magnifique. 1’30 de bonheur ! Écoutez, c’est inédit ! (cliquez sur le petit triangle blanc)
È arrivata la Parigina est un film de Camillo Mastrocinque, sorti en France le 12 décembre 1960 sous le titre La Loi de l’homme. Magali Noël, qui a pour partenaire Jorge Mistral, tient le rôle d’Yvette (d’où le nom de la chanson).
Vian vous a écrit une chanson pour un film...
Peu avant la mort de Boris, j’avais commencé à tourner dans È arrivata la Parigina, un film italien de Camillo Mastrocinque, où j’avais comme partenaire un grand acteur mexicain. Je vous précise que j’ai passé cinq ans en Italie et que j’y ai tourné 22 films !
Un jour, je suis arrivée chez eux, Cité Véron, sans prévenir. Ursula me dit : « Tu peux le voir, mais pas trop longtemps car il est fatigué... » Je suis entrée sur la pointe des pieds, Boris était allongé mais content de me voir. Il était très pâle et j’ai eu quelques scrupules à lui faire part du motif de ma visite... Je voulais qu’il m’écrive une chanson pour ce film que je tournais. « Je sais que tu es fatigué, mais peut-être que ça t’amusera de m’écrire une petite chanson... » J’ai vu son œil s’allumer et il m’a répondu : « Ne t’inquiète pas, Magali, je vais te l’écrire... »
Et il l’a faite. C’est une chanson merveilleuse, la dernière qu’il ait écrite. Elle figure dans la bande originale du film, mais n’est pas sortie sur disque. Je vais vous la chanter...
« Il y a des jours en robe sombre
Des jours où le ciel se charge d’ombre
Et puis viennent des jours
Trop rares et trop courts
Où tout paraît soudain revivre
Il y a des jours en robe pâle
Au visage gris, aux lèvres sales
Et puis viennent des jours
En robe de velours
Où tout vient vous parler d’amour
C’est un regard c’est un mouvement
Un ange bleu qui passe
C’est un hasard, un geste un moment
Un mot que l’on ramasse
Et on reste seul avec un rêve
Il s’appelle Adam, on s’appelle Ève
Et pour toute la vie
On rentre au paradis
D’où l’on n’était jamais partis... »